Axe 2

Axe 2. Vulnérabilités des grandes "artères écologiques",  à Port-au-Prince

Port-au-Prince est une capitale fondée sur un site exceptionnel, entre mer et colline, entre les contreforts de la Chaine de la Selle et le golfe de la Gonâve, entourée de deux plaines agricoles fertiles, la plaine du Cul de Sac et la plaine de Léogane. Malgré ces conditions géographiques favorables, la ville souffre d’un environnement dégradé (Bresson et al, 2013) : peu d’espaces verts, urbanisation des flancs des mornes, littoral pollué et occupé par des quartiers insalubres, mauvaise qualité du bâti, généralisation de l’habitat précaire... Cette étude s’attachera à montrer les modes de production d’espaces vulnérables en particulier ceux situés sur des sites naturels fragiles (Léone et al, 2006). A Port-au-Prince, ces sites se retrouvent notamment sur les flancs des montagnes, dans les vallées des rivières ou sur les littoraux. L’étude tant à l’échelle des bassin-versants que des vallées des cours d’eau, ravines, qui traversent la capitale dévoilera les modes de leur émergence, ainsi que leur gestion actuelle (par les autorités, les habitants ordinaires…). En effet, la majorité de ces espaces connaissent une vulnérabilité forte tout autant écologique, économique que sociale La compréhension de leur fonctionnement pourrait s’avérer une opportunité de développement pour la capitale, redéfinissant les modes d’occupation et de gestion d’un bassin-versant urbain. Ces réflexions seront mises en perspectives avec les enjeux de gestion des risques : risques sanitaires (Bras et al, 2009), d’inondations, glissement de terrain, risque sismique. L’étude se basera sur l’analyse de la ravine Bois-de-Chêne, considérée comme un des systèmes caractéristiques (Décamp et al, 2010) de la vulnérabilité urbaine de Port-au-Prince. Bois-de-Chêne est un cours d’eau qui traverse la ville des hauteurs de Pétion-ville au littoral dans une direction généralement sud-est/sud-ouest. Un premier travail consiste à la cartographie des limites et des caractéristiques physiques de son bassin versant : un site fragile allant des hauteurs de Jalousie au littoral de Cité-l’Eternel.

Une analyse socio-économique, enquêtes quantitatives et qualitatives auprès des habitants et entretiens avec les différents acteurs, sera aussi menée pour déceler la complexité et la différenciation croissantes de son occupation sur un ensemble de sites. Une approche par les représentations sera aussi entreprise afin de comprendre la façon dont les différents acteurs perçoivent cet espace (Tamru, 2002) en particulier les autorités de la ville. Des entretiens auprès des décideurs, des habitants de la ravine et d’autres parties de la ville, appuyés par la réalisation d’un film scientifique permettra d’élargir cet aspect selon un regard comparatif. Des études archivistiques et de la presse seront conduites pour comprendre la polysémie d’appréhension de cet ensemble. Une attention plus particulière sera donnée au foncier et aux mécanismes ayant permis les occupations successives d’un site théoriquement inconstructible. L’ensemble des résultats permettra la compréhension des mécanismes d’émergence et d’intégration d’un système particulier au sein du tissu urbain de Port-au-Prince, système qui d’une artère écologique, ou « coulée verte », est devenue un espace d’habitat voire d’activités. La ravine Bois de Chêne sera le terrain d’étude privilégié de l’axe 2 du projet de recherches et sur la totalité des 11 kilomètres du parcours du cours d’eau. L’étude cartographique sera réalisée sur l’ensemble du linéaire des hauteurs de Jalousie jusqu’à l’embouchure. Au moins six sites seront par la suite sélectionnés pour les travaux d’enquêtes socio-économiques et l’identification d’acteurs (associations, ONG, institutions étatiques). Bourdon sera un des sites privilégiés de par l’ampleur de l’emprise de l’habitat dans la ravine. L’axe 2 sera examiné de façon transversale par les deux autres axes, avec l’axe 1 sur l’étalement urbain par l’occupation des pentes et par les avancées sur la mer et aussi par l’axe3 sur la présence d’un habitat et des activités quasi exclusivement informels.